(de Véra Belmont. Belgique/France, 2021, 1h14. Film d'animation, à partir de 8 ans. )

 

3 octobre 2022 (Magali Van Reeth) – Ce film d'animation, au graphisme clair et élégant, raconte l'histoire de Michel, un jeune garçon dont le père de voulait rien dire, ni de sa famille disparue, ni de son expérience de la déportation. Une douleur et une incompréhension que l'enfant mettra des années à transformer en hommage à travers le dessin.

 

 

L'histoire est racontée du point de vue de Michel, jeune garçon d'une dizaine d'années, volontiers blagueur avec son petit frère, et connu pour quelques bêtises dans un quartier populaire de Liège. Tous les deux sont très intrigués par le bureau de leur père, toujours fermé à clé, et par les chiffres tatoués sur son avant-bras. Mais personne ne veut rien leur dire sur cet étrange ''numéro de téléphone''.

 

 

En grandissant, des bribes de cette histoire terrible leur parviendront mais leur père, de plus en plus absent, refuse toujours de leur parler de sa vie dans les camps de concentration et de déportation. Il faudra beaucoup de temps, de moments douloureux, de fuite et de déplacements pour que père et fils, devenu adulte, se parlent enfin.

 

Le dessin est simple et élégant, proche de la ligne claire de l'école de la bande dessinée belge. Il permet de mettre une distance bienvenue entre les horreur de la Shoah et ce récit destiné au jeune public. Rien n'est nié, tout est évoqué à travers des images aperçues à l'écran.

 

Le film rend bien la situation émotionnelle complexe de ce père de famille, rescapé de la Shoah et voulant à la fois protéger ses enfant de l'horreur, tout en participant, à l'extérieur, à des rencontres pour dire cette horreur. Mais aussi des rancœurs et des peurs de Michel. Comme tous les enfants, il voudrait que son père soit plus présent, qu'il partage avec lui ses secrets.

 

Le récit est inspiré de la bande dessinée de Michel Kichka, Deuxième génération, ce que je n'ai pas dit à mon père (2012). Ce caricaturiste et dessinateur de presse est le protagoniste et l'écrivain de cette histoire personnelle que la réalisatrice Véra Belmont a su rendre vivante à l'écran, trouvant le ton juste entre chronique familiale des années 1950 et l'évocation des camps de la mort.

 

 

 

Magali Van Reeth