(d'Ayumu Watanabe. Japon, 2021, 1h37. Festival d'Annecy 2021. Film d'animation, à partir de 10 ans) 

 

 

11 juin 2022 (Magali Van Reeth) – Dans le Japon d'aujourd'hui, le quotidien d'une adolescente affublée d'une mère vraiment très grosse et vraiment très originale. Un film joyeux au graphisme doux, coloré et dynamique. 

 

Pendant toute son enfance, Kikurin a suivi sa mère, au rythme de ses échec sentimentaux qui débouchaient sur un nouveau déménagement. Arrivées un jour d'hiver et de neige dans un petit port du nord du pays, elles habitent depuis quelques temps dans un bateau. Pendant que Nikuko travaille dur dans un petit restaurant de grillades, Kikurin va au collège où il n'est pas toujours facile de s'intégrer dans un groupe de filles, ou de passer outre les moqueries des garçons.

 

Dans son précédent film, Les Enfants de la mer (2019), Ayumu Watanabe avait utilisé le fantastique et un récit d'aventures pour plonger au cœur de la spiritualité japonaise. Cette fois, dans un récit très réaliste, les détails de la vie ordinaire nous immergent dans le quotidien de Kikurin et de sa mère : le grésillement des œufs dans la poêle, le ballet des poissons, l'autobus pour aller à la ville, l'architecture du collège. Avec humour et légèreté, on suit les tourments d'une jeune fille qui aime sa mère mais qui a souvent honte d'elle. Il est vrai que Nikuko est beaucoup trop grosse. Elle ressemble à une matriochka bien rebondie, et aussi colorée que les célèbres poupées russes. Elle mange avec gourmandise et sans retenue et a des joie de petite fille les jours de fête.

 

 

Comme souvent dans les films japonais, certaines attitudes des personnages semblent énigmatiques aux spectateurs européens mais on retrouve bien la gêne de tous les adolescents face à certains traits de caractère de leurs parents. Nikuko est une femme exubérante, dans tous les sens du terme. Ses rondeurs et sa joie sont communicatives, on salive devant les morceaux de bœuf grillés et les tartines croustillantes du petits-déjeuner.

 

En compagnie de Kikurin et de sa mère, le film nous invite à un bien joli voyage au Japon. Les paysages marins, les lanternes dans la nuit, les premiers flocons de neige, les fêtes traditionnelles et les événements de la vie : tout pourrait nous arriver mais c'est tellement plus joli avec le regard d'Ayumu Watanabe.

 

 

 

 

Magali Van Reeth