(de Robert Guédiguian. France/Italie, 2023, 1h46. Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark, Robinson Stevenin) 

 

15 novembre 2023 (Magali Van Reeth) – Fable ensoleillée et chaleureuse à Marseille, où les thèmes chers au réalisateur, comme l'engagement politique, l'esprit de famille, la solidarité ou les racines arméniennes, sont la toile de fond évoluent les différents personnages.

 

Le film s'ouvre avec un effondrement, celui des immeubles de la rue d'Aubagne à Marseille, le 5 novembre 2018. Non pas une reconstitution mais des images d'archives. La caméra s'arrête ensuite sur un tableau immense représentant la cène, dernier repas de Jésus avant de d'accomplir son destin. Nous sommes dans une église où sont accueillis ceux qui ont dû quitter leur logement suite à ce drame. On découvre alors les personnages de ce conte marseillais.

 

 

Alice est une jeune actrice convaincue que l'Art peut sortir du drame ceux qui ont perdu leur maison. Elle fait chanter les gens du quartier et prépare une commémoration rue d'Aubagne. Elle a pour amoureux Sarkis, qui tient un café arménien à la suite de son père et de son grand-père, où se retrouvent les descendants arméniens qui, avec bonne humeur, noient le chagrin de leurs arrière-grands-parents dans le pastis local.

 

La mère de Rosa est infirmière débordée à l’hôpital public et tente de monter une liste pour les prochaines élections municipales. Elle est effondrée par les magouilles politiques où chacun se met en avant au lieu de penser au bien commun. A la veille de prendre sa retraite, elle va redécouvrir l'amour et questionner ses engagements.

 

5 ans après le drame de la rue d'Aubagne, Robert Guédiguian a raison de rappeler que la situation est loin d'être réglée. Tout le monde n'a pas été relogé et de nombreux immeubles de la ville ont été évacué par précaution, laissant d'autres personnes dans des situations plus qu'inconfortables. La politique, municipale ou nationale, souffre de querelles puériles et élimine parfois les bonnes volontés altruistes.

 

 

Avec l'aide de sa famille de comédiens, dont Ariane Ascaride, Jean-Pierre Daroussin et la lumineuse Lola Naymark qu'on aimerait voir plus souvent, Robert Guédiguian signe un conte chaleureux sur la famille, un brin mélancolique sur l'engagement politique, et qui laisse perplexe quand il évoque l'attachement des descendants Arméniens à un pays où ils n'ont jamais habité. Dans un Marseille où il faut toujours beau, où la mer est toujours calme et où, dit un des personnages, il n'y a que des gens bien, cette fable est un moment de cinéma très ensoleillé mais auquel on a du mal à croire.

 

 

 

 

Magali Van Reeth

 

Rencontre avec Robert Guédiguian et Ariane Ascaride : https://www.signis.net/nouvelles/culture/17-11-2023/deux-matres-pour-une-cole