(de Hadi Mohaghegh. Iran, 2022, 1h30. Avec Hadi Mohaghegh, Mohammad Eghbali)

 

 

 

24 mai 2023 (Magali Van Reeth) – Une pièce manque pour remettre la lumière dans un hameau, et c'est le début de toute une aventure. Un film iranien sans drame mais pas sans piquant, où la splendeur des paysages traduit la bienveillance et la dignité de ceux qui y vivent et y travaillent. 

 

 

Dans une région montagneuse et dépeuplée, l'opposition entre l'ocre de la pierre et le vert pétillant de la végétation s'affiche comme une magnifique toile de fond. Ici, comme oubliées du reste du monde, se déroulent des vies simples, vécues sans révolte dans des conditions pourtant difficiles. A travers l'esthétisme de la caméra et le ton du récit d'Hadi Mohaghegh, elles deviennent somptueuses.

 

 

Ici, chacun s'affaire à ses affaires, dans une calme détermination mais soucieux de l'autre. Un homme au corps difforme broie des cailloux pour en extraire une poudre médicinale, s'occupe avec tendresse d'un enfant immobile. A cause d'une coupure d'électricité, toute une série d'événements minuscules et terriblement ordinaires vont mettre en lumière ces vies minuscules et indispensables à la bonne marche d'un monde parfois ingrat avec eux.

 

 

 

La mise en scène déroule un vrai voyage où on va de surprise en surprise, rien n'étant prévu d'avance. Un parcours semé d'embûches et de situations cocasses, où la bienveillance d'un homme va être testée à plusieurs reprises. Peu de dialogue, peu d'explication mais tout est limpide comme ce torrent qu'on ne peut traverser seul. Le réalisateur, Hadi Mohaghegh, joue le rôle de l'électricien, clin d’œil à son métier de cinéaste, si étroitement lié à la lumière.

 

 

Le récit épouse les entrelacs des contes perses (des histoires dans l'histoire) qu'on retrouve dans de nombreuses cultures. On peut y trouver aussi des références bibliques, cet ingénieur électricien faisant office de bon samaritain quand il croise un paralytique, un estropié ou un aveugle. La bienveillance étant une valeur universelle - à défaut d'être toujours présente – elle réconforte aussi ceux qui en sont les témoins, comme nous les spectateurs face à ce film doux, poétique et beau.

 

 

 

Magali Van Reeth