Lors du Congrès Mondial 2022 de SIGNIS, qui avait pour thème "La paix dans le monde numérique", nous avons exploré les thèmes des guerres mondiales et de la culture de la friction, de la haine dans le monde digital et des responsabilités qui incombent aux journalistes pour soutenir la paix.

Lors du Forum international des journalistes, nous avons eu l'honneur d'interviewer M. Jack Barton, correspondant à l'étranger de CGTN America pour les nouvelles de dernière minute et les zones de guerre, au sujet du journalisme éthique et de la manière dont nous devrions envisager et rendre compte des problèmes mondiaux.

M. Barton a commencé son intervention en soulignant l'augmentation du nombre de "fausses nouvelles" et d'informations erronées, conséquence directe de la révolution numérique. Il a insisté sur le fait que cette diffusion de fausses informations n'est pas seulement le fait d'individus, mais aussi et surtout le fait d'acteurs étatiques, de journalistes et de professionnels travaillant dans l'industrie des médias. 

Citant les mots du penseur américain John Naisbitt, M. Barton a expliqué que nous vivons à une époque qui "se noie dans l'information, mais qui meurt de faim de connaissance". Selon lui, cette "famine" découle directement de la tendance croissante à réduire l'information à l'essentiel, afin de mieux s'adapter à la courte durée d'attention des utilisateurs des plateformes en ligne. Le journaliste a également fait remarquer qu’Internet est extrêmement partial et polarisé en fonction des données et des points de vue de chacun. Les utilisateurs des médias numériques se retrouvent ainsi dans une bulle où ils acquièrent des informations uniquement en fonction de leur position sur un argument donné, ce qui laisse peu de place au débat et à la pensée critique étayée par des données. 

Jack Barton a par la suite résumé les problèmes qui affectent la couverture médiatique et la consommation de l'information en deux catégories. La première est la capacité des médias sociaux et des applications de messagerie à encourager la diffusion d'une information plutôt qu’une autre. Cette tendance, selon le journaliste, affecte également les médias traditionnels et les pousse à utiliser des contenus émotionnels et des informations rapides - une tendance que les journalistes et les professionnels des médias doivent essayer de combattre. 

Le deuxième problème qu'il a identifié réside dans la rapidité à laquelle l'information doit être diffusée de nos jours : le calendrier serré imposé aux journalistes pour produire des nouvelles ne leur laisse que très peu de temps pour vérifier les faits et mener des enquêtes approfondies. Cela conduit naturellement à la diffusion de " fausses nouvelles " (fake news) par les autorités publiques et la presse traditionnelle, comme mentionné précédemment. 

Dans la dernière partie de son discours, Jack Barton a invité le public à lutter contre l'envie de simplifier à l'extrême des problèmes complexes tels que le changement climatique et la guerre en Ukraine, et à réveiller leur esprit critique en ne voyant pas le monde à travers les lentilles d'un fil Instagram, avec des images nettes et faciles mais en analysant toujours autant de sources que possible et en prenant le temps de recueillir des informations auprès de toutes les parties impliquées. 

Pour Jack Barton, ce n'est qu'à cette condition que "les journalistes pourront reprendre leur place de phare dans le brouillard de l'ère numérique".