Oscar Romero, notre saint patron, a été martyrisé en raison de sa volonté de dire la vérité au pouvoir. Il invitait les autres à se joindre à lui pour devenir un « micro de Dieu », plaidant pour la paix en s’opposant aux personnes au pouvoir qui abusaient et assujettissaient les pauvres.

Le témoignage d’Oscar Romero est un témoignage puissant pour les journalistes catholiques. Comment les journalistes peuvent-ils être des défenseurs de la paix, une « voix pour les sans-voix » ?

La réponse évidente est que nous nous efforçons de dire la Vérité. Mais parfois, la vérité n’est pas si évidente. Aujourd’hui, alors que la propagande (c›est-à-dire les « fake news ») est si répandue et rancunière, la vérité est souvent supplantée par le mensonge et la désinformation. Les journalistes professionnels considèrent l’impartialité comme une norme. Cela suffit-il ?

En octobre, l’institut Reuters a publié son 2021 Digital News Report . D’après leurs recherches, « la plupart des gens sont d›accord pour dire que les organismes d›information et les journalistes doivent refléter tous les aspects d’une question et ne pas promouvoir un programme particulier ».

Pourtant, ils notent que les partisans engagés pensent que la couverture médiatique traditionnelle n’est pas impartiale. Cette conviction est renforcée par la diffusion de sources partisanes, qu’il s’agisse d’une personne disposant d’un site web, d’une chaîne YouTube, d’un compte Twitter ou d’une autre plateforme numérique.

Les journalistes ont de plus en plus de mal à contrer la propagande de sources très partisanes avec ce que l’on appelle traditionnellement un « reportage équilibré ». Et parfois, nous sommes notre propre pire ennemi.

Par exemple, le reportage équilibré, ou l’objectivité, est parfois présenté comme offrant aux deux parties opposées un temps égal, comme dans un débat.

Il semble parfois - et il existe des preuves à l’appui de cette théorie - que certains médias créent la division et fomentent la controverse en ne proposant que deux points de vue diamétralement opposés. La controverse fait vendre !

Les lecteurs/spectateurs ont l’impression qu’ils doivent prendre parti : Je suis soit pour, soit contre. Il n’y a aucune suggestion nuancée qu’il pourrait y avoir un terrain d’entente sur lequel construire un consensus. Notre tentative d’impartialité n’encourage-t-elle pas involontairement les conflits et la haine ?

Je crois que les journalistes doivent tenir en équilibre deux vérités, et ce faisant, nous pouvons encourager l’établissement de la paix.

La première vérité est que chacun de nous est une personne unique. Chacun de nous reflète la grâce et l’amour de Dieu d’une manière qui ne peut être reproduite par personne d’autre. Chacun d’entre nous a une dignité innée en tant qu’être humain, il doit être respecté et honoré, il doit avoir une voix.

Une deuxième vérité est que personne n’est complet en soi. Nous ne pouvons construire une société plus juste, où l’humanité de chaque personne est respectée, qu’en travaillant ensemble. Le progrès et le bien-être des individus ne se produisent que lorsqu’un groupe de personnes devient une communauté, des personnes travaillant pour le bien commun dans un effort commun.

Helen Osman